Neuvième édition de « Kharja Al-Mouloudia » : Une célébration soufie au cœur de la Médina de Tunis
L’Association Culture et Art Sétambali « Sidi Ali Lassmar » a dévoilé aujourd’hui à Tunis le programme de la neuvième édition de la manifestation culturelle « Kharja Al-Mouloudia« . Cet événement aura lieu le jeudi 4 septembre 2025, en même temps que la commémoration de la naissance du Prophète Muhammad .
Cette année, la sortie artistique soufie se distingue par son ampleur géographique et sa richesse artistique. Le cortège partira de la zaouia de Sidi Mahrez pour rejoindre celle de Sidi Ben Arous, dans un parcours ponctué de spectacles musicaux et chorégraphiques proposés par dix troupes Sétambali venues de différentes régions tunisiennes. La manifestation accueillera également une troupe d’honneur algérienne, « Diwan Baba Marzouk« , soulignant la dimension maghrébine de l’événement.
Le départ des spectacles est programmé à 9 heures du matin. Chaque groupe investira les espaces publics autour des zaouias, offrant rituels, traditions et musiques spirituelles, comme la « Asida » du Mouloud, les cortèges de Dhikr et autres expressions de la mémoire soufie.
Selon Riadh Azawach, président de l’association, « Kharja Al-Mouloudia » renouvelle une tradition historique initiée après l’abolition de l’esclavage en Tunisie, en 1846, lorsque les anciens esclaves affranchis organisaient des célébrations soufies majeures à l’occasion du Mouled . Cette manifestation, interrompue après l’indépendance, renaît depuis 2016 avec un succès croissant.
Au-delà de son rôle artistique et spirituel, l’événement vise à promouvoir et préserver le riche patrimoine culturel et musical de la médina de Tunis, en particulier l’art Sétambali,qui mêle influences africaines et soufies.
Un enjeu touristique et culturel majeur
Anis Boukhris, “délégué régional du tourisme et de l’artisanat à Tunis”, insiste sur l’importance de cette manifestation pour le développement du tourisme culturel à Tunis. Selon lui, « le calendrier coïncidant avec l’arrivée de deux navires de croisière crée une opportunité unique pour les touristes internationaux de découvrir en live le patrimoine soufi tunisien. »
Il a également souligné la nécessité d’un soutien logistique et financier accru de la part des institutions publiques et du secteur privé, afin d’élever « Kharja Al-Mouloudia » au rang d’événement culturel et touristique d’envergure internationale, alliant identité et ouverture.
Préserver la mémoire et documenter le patrimoine
Ibrahim Bahleloul, chercheur et artiste spécialiste de la musique soufie, a insisté sur l’importance de documenter cette tradition populaire pour en assurer la transmission. Il a regretté l’absence d’implication d’institutions comme l’Institut supérieur de documentation et le Centre national de documentation, appelant à une institutionnalisation de l’événement, qui pourrait devenir une célébration nationale reconnue dans toutes les régions.
Il a aussi rappelé que l’art Sétambali, avec ses mélodies et rythmes mêlant influences africaines et maghrébines, figure parmi les plus anciens styles de musique soufie en Tunisie. Sa préservation passe par un soutien accru aux artistes et chercheurs dédiés à cet héritage
