La réalité politique et sociale à travers la perception de Wajeha Jendoubi « Big Bossa »
Halima Souissi
C’est ainsi que Wajeha Jendoubi décrit sa pièce « BIG Bossa » qui a été jouée hier le 31 juillet 2024 lors de la 58ème édition du Festival International de Carthage.
Big Bossa est un spectacle dans lequel Wajeha pénètre dans l’absurdité de la sphère politique, où une employée ordinaire d’un fonds social qui n’a rien à voir avec la vie politique est nommée ministre et est informée par un SMS sur son téléphone à une heure tardive de la nuit.
Tout en présentant les motivations du passage à l’acte, l’actrice évoque par le mouvement et la voix des personnages, tantôt réels, tantôt imaginaires, et déplace le spectateur entre plusieurs niveaux spatiaux tels que le Marché, la salle de bain, le coiffeur du quartier, les fêtes de mariage, les cortèges de funérailles, etc. Au fil de sa trajectoire narrative, qui prend une allure comique et comporte beaucoup de reproches sur le comportement de certains individus, une réalité que la future ministre compte changer en sa faveur pour réaliser ce tournant qualitatif qui répond à son propre intérêt en tant qu’individu et ne reflète pas l’image du groupe.
Wajeha Jendoubia fait apparaître plus de dix personnages, des femmes, des hommes et même des enfants, entrant et sortant de leurs robes avec souplesse, et a été capable de créer le contraste provoqué par le dialogue entre les personnages imaginaires et elle-même, avec des voix et des gestes différents, pour dessiner la relation entre le personnage principal, la ministre, et les personnages qui l’entourent.
Deux heures sur scène, avec un rythme soutenu, des images et des personnages successifs qui se rencontrent dans leur identité et divergent dans leur niveau social et intellectuel.
Wajeha Jendoubi a dessiné, dans un cadre purement comique, les traits d’une société où la politique a infiltré les détails de la vie quotidienne après la révolution, ce que a souligné Wajeha la première scène, qui nous a amenés directement au 14 janvier, où les événements ont commencé à s’accélérer en peu de temps pour nous dire que nous sommes maintenant et ici en train d’aimer le pays et de hisser haut son drapeau.
Elle a souligné que nous aimons le pays et hissons haut le drapeau, même si dans notre vie quotidienne nous vivons une vie simple et ne nous soucions pas de ce qui se passe dans les coulisses des politiciens, mais nous repoussons le responsable qui s’adonne au népotisme et qui sert ses intérêts au détriment de ceux du peuple. …
Big Bossa s’est inspirée de la vie quotidienne et l’a placée, avec ses maladies, sa schizophrénie, son égoïsme et sa naïveté, sur une scène à la recherche d’un sauveur, et ce sauveur ne sera pas un ministre nommé à la va-vite…
Madame Jalila est réveillée de ce tourbillon par un nouveau message sur son téléphone, dans lequel l’expéditeur présente ses excuses pour une erreur grammaticale dans le texte.
En cinq ans, bien des choses ont changé dans le Monodrame « Big Bossa« , un show émouvant dont la sphère se transforme au rythme des changements politiques, sociaux et économiques du pays, avec la capacité de faire référence à ce qui se passe dans le monde, comme par exemple l’agression de Gaza et la guerre d’anéantissement que les palestiniens subissent depuis dix mois face au silence des peuples arabes, comme l’exprime Wajeha Jendoubi à travers la diffusion de chants révolutionnaires et du drapeau palestinien sur les trois écrans de la scène.
Wajeha Jendoubi a accueilli le rappeur Armestra, avec lequel elle a interprété une chanson sur un ton comique qui ne s’écarte pas du contexte dramatique.