
Après sa première prestation lors de la 59e édition du Festival international de Carthage, avec son spectacle théâtral Binomi S+1, Aziz Jebali en brillant acteur, scénariste et metteur en scène vient confirmer son talent pour époustoufler son public avec un spectacle gorgé d’humour, de folie et de bonne humeur.
Sur scène, Aziz Jebali alias Hamidou, invite plusieurs guests sur scène dont Fatma Sfar, Mohamed Souissi, Isam Absy, Vipa, Abdelkarim El Banneni, Jihed Cherni, Issam Ayari, Yasmine Dimassi, ou encore Abdelhamid Bouchnakpour aborder à travers chacun d’entre eux des sujets très importants avec une subtilité déroutante.
Le public a ri aux éclats pendant trois bonnes heures, Un pari artistique ambitieux relevé haut la main et méritant largement l’ouverture du festival.
Sur le podium, de nombreuses thématiques abordées, telles que la liberté d’expression et le décret 54, la cause palestinienne, le rôle des médias ou encore la caricature de la personnalité intellectuelle par le biais du personnage du poète Majdoulin (Yasmine Al Dimasi), ce personnage étant une critique explicite de ceux qui revendiquent une culture de la parole et qui vendent des images poétiques naïves pour attirer les « J’aime » sur les réseaux sociaux.

L’un des sujets les plus sensibles abordés dans la pièce est le racisme et le régionalisme, incarnés dans une scène entre un « Tunisois » et le propriétaire de la maison d’une autre région, une distinction troublante qui catégorise les habitants d’un même pays par appartenance géographique et l’« ego » exacerbé, la fierté et l’arrogance qui s’ensuivent.
Il s’agit d’une pièce drôle en surface et chargée de symbolisme et de critique dans ses plis, à propos de laquelle l’acteur Saber Oueslati, l’un des protagonistes de l’œuvre et coauteur du scénario, déclare : « L’expérience de l’œuvre théâtrale est une œuvre qui se nourrit de la réalité, la pièce n’est pas aliénée de la réalité ou du peuple tunisien, mais elle y est très attachée, de sorte que le spectateur se retrouve à l’intérieur du spectacle, le spectacle a changé en fonction des événements qui ont eu lieu dans le monde, et certains sujets soulevés ont été différents par rapport aux spectacles précédents».